putain

Il y a une certaine distance entre le sens d’origine du mot putain et ses emplois actuels… En effet, à l’origine, le nom féminin putain désigne une prostituée, une femme qui vend son corps aux hommes.

Ce sens qui était d’un emploi populaire et vulgaire est aujourd’hui perçu comme un peu recherché, presque littéraire. Un autre mot l’a supplanté dans le registre le plus vulgaire, pute.

Le mot putain a ensuite été utilisé dans des constructions comme putain de vie, putain de migraine, putain de fenêtre, pour exprimer son énervement, son irritation contre une chose ou une situation.

De là, on bascule dans le langage obscène, où putain alourdit la charge de vulgarité de l’autre mot avec lequel il est associé. Exemples : un putain de taré, putain de merde, putain de connard, putain de ta race, la putain de ta mère, ça me fait putain de chier.

Par antiphrase, le même emploi fonctionne pour dire exactement l’inverse. Dans des formules comme c’est putain de grandiose, une putain de revanche, un putain de poète, le mot putain sert à renforcer une chose en bien, à exprimer les puissants sentiments positifs qu’on ressent pour cette chose.

Enfin, et c’est peut-être devenu la façon la plus courante d’employer le mot putain, ce mot fonctionne seul comme interjection. Il est capable d’exprimer tout un spectre d’émotions, qui vont de l’énervement à l’admiration, en passant par l’étonnement.

On trouve aussi le mot putain en emploi autonome au milieu d’une phrase, en particulier dans les parlers du sud de la France. Il sert ici de liant, de ponctuation orale, dans une conversation familière.