fond

Met-on un s à la fin ou non ? Fonds ou fond ? Eh bien les deux mots existent, mais ils ne désignent pas la même chose. Voyons comment les distinguer.

C’est largement le plus fréquent des deux. Le mot fond, écrit sans s à la fin, désigne la partie la plus basse ou la plus lointaine de quelque chose : le fond d’une casserole, au fond de la classe.

Il s’emploie aussi au sens figuré : toucher le fond, distinguer la forme du fond, en toile de fond. Et dans des expressions, comme au fond et dans le fond (« après tout »), à fond (« jusqu’au bout »), de fond (« fondamental »), de fond en comble (« entièrement »).

Au pluriel, il prend un s : des fonds d’écran, des fonds de teint, les fonds marins.

Plus rare, le mot fonds désigne surtout une somme d’argent, un capital utilisé pour financer quelque chose. On le trouve par exemple dans les noms composés fonds d’investissement, fonds de commerce, fonds de roulement. Par extension, il désigne aussi une riche collection : fonds d’archives, fonds documentaire.

C’est ce mot qu’on emploie quand on dit lever des fonds, recueillir des fonds, débloquer des fonds. Comme on le voit, au pluriel, il a la même forme qu’au singulier.

Ces deux mots qui se distinguent aujourd’hui par l’orthographe ont la même origine, ce sont au départ un seul et même mot. Mais en 1647, constatant que les deux sens sont éloignés, Vaugelas a plaidé pour distinguer les deux mots à l’écrit. L’Académie française a validé cette distinction en 1673, et, bien qu’elle ne soit pas justifiée, elle est toujours d’actualité.

Dans son dictionnaire, Littré protestait à ce sujet : « On peut voir à l’étymologie que fonds et fond sont exactement le même mot. Le mieux serait de supprimer l’s de fonds, et de ne faire qu’un seul mot de ce qui n’en est réellement qu’un, répondant en latin au mot unique fundus. »

Malgré tout, il s’agit de ne pas confondre ces deux graphies… et donc de ne pas écrire un fond de commerce, par exemple.