Que veut dire le mot ultracrépidarianisme ?
Le mot ultracrépidarianisme, qui peut s’écrire avec ou sans accent, désigne la tendance de certaines personnes à s’exprimer sur des sujets qu’elles ne connaissent pas. On l’utilise aussi bien en référence à des personnes lambda qui donnent leur avis, notamment sur les réseaux sociaux, qu’en référence à des experts qui donnent publiquement leur opinion sur un domaine qui n’est pas le leur.
Ultracrépidarianisme est un emprunt à l’anglais ultracrepidarianism, lui-même composé de l’adjectif ultracrepidarian et du suffixe -ism. Ultracrepidarian a été utilisé pour la première fois par l’essayiste britannique William Hazlitt en 1819. Il utilise alors ce mot pour qualifier le critique littéraire William Gifford.
Le mot anglais ultracrepidarian a une origine latine. Il est issu du proverbe latin sutor, ne supra crepidam, qui veut littéralement dire « cordonnier, pas plus haut que la chaussure ». Notez que supra a été remplacé par ultra, de sens similaire.
Ce proverbe latin vient d’une anecdote racontée par Pline l’Ancien : un cordonnier était entré dans l’atelier d’un peintre pour lui remettre une commande. Il en profita pour admirer les œuvres du peintre et lui signala une erreur dans la représentation d’une sandale. Le peintre la corrigea. Mais quand le cordonnier commença à émettre d’autres critiques, le peintre lui répondit ne supra crepidam sutor iudicaret : « un cordonnier ne devrait pas donner son avis au-delà de la chaussure ».
Même si l’anglais ultracrepidarian existe depuis plus de deux siècles, ce mot est resté rare. En français, ultracrépidarianisme est utilisé pour la première fois en février 2014, comme traduction du mot anglais ultracrepidarianism. Dans un premier temps, il ne se diffuse pas vraiment.
À partir de 2016, le mot commence à être cité, accompagné de sa définition, sans être réellement employé dans des phrases. En 2019, il est utilisé lors d’un colloque sur l’homoparentalité, et il commence alors très doucement à se diffuser.
C’est à partir d’avril 2020 que le mot se répand plus largement, quand le youtubeur Léo Grasset l’emploie dans un tweet largement relayé.