affrication

L’affrication est un phénomène phonétique par lequel une consonne occlusive se combine avec une consonne fricative. Pause ! Ça veut dire quoi, occlusive et fricative ?

Les consonnes occlusives du français sont [p], [t], [k], [b], [d], [g]. Quand on les prononce, le flux d’air en provenance des poumons est brièvement interrompu par une fermeture dans la cavité buccale. Quant aux consonnes fricatives, qui résultent du bruit du frottement de l’air dans un conduit resserré, ce sont [s], [z], [f], [v], [ʃ] (« ch ») et [ʒ] (« j »).

Une consonne affriquée est une consonne formée par l’association de deux consonnes, une occlusive et une fricative. Par exemple [ts] et [dʒ] sont des consonnes affriquées.

On en revient à l’affrication ! C’est un phénomène d’évolution phonétique dans lequel une consonne occlusive change et devient une consonne affriquée. C’est par exemple un [t] qui évolue en [tʃ], un [d] qui évolue en [dz].

Le phénomène d’affrication s’est produit il y a plusieurs siècles dans le passage du latin au français. On observe depuis la fin du XX^e siècle une nouvelle vague d’affrication qui touche principalement les mots avec les syllabes ti, tu, di, du.

En l’occurrence, elles ont de plus en plus tendance à être prononcées [tʃi], [tʃy] (« tchi » et « tchu »), [dʒi], [dʒy] (« dji » et « dju »). On entend ainsi des prononciations comme « a-tchi-tchud », « sam-dji », pour attitude, samedi. Des graphies argotiques comme ta djeule, entchoulé (attesté en 1979), pour ta gueule, enculé, relèvent du même phénomène.

Ce serait un raccourci de dire que l’affrication est un tic de langage propre aux jeunes, comme on le lit dans la presse. On l’a vu : il est déjà relativement ancien, et en outre on entend aussi des « moins jeunes » prononcer « dé-djé » (dédié), « par-tchi » (parti), etc.

Le mot affrication appartient à la famille du verbe latin adfricare, « frotter contre ». Rien à voir avec l’Afrique ou les langues d’Afrique, comme l’ont cru certains au moment où ce phénomène a été médiatisé !