Quelle est l’origine de l’expression bouc émissaire ?
L’expression bouc émissaire est d’origine religieuse. Dans la religion hébraïque, le bouc symbolise l’expiation des péchés, un rite qui a pour objectif d’effacer tous les péchés commis par une personne ou par un groupe. Cette cérémonie est toujours d’actualité dans la religion juive : elle a lieu chaque année le jour du Grand Pardon (Yom Kippour).
Dans le troisième livre de la Torah, il est raconté que le prêtre d’Israël chargeait un bouc avec toutes les fautes des hommes et d’Israël, de manière symbolique. Ce bouc était ensuite envoyé dans le désert pour rencontrer Azazel, un ange déchu, afin d’expier les péchés humains. La croyance voulait que la malédiction divine ne toucherait que le bouc. Après ce rite, les hommes se sentaient libérés de leurs péchés et pouvaient reprendre leurs activités.
Quand cette expression est-elle apparue en français ?
Bouc émissaire est la traduction du latin ecclésiastique caper emissarius, qui signifie « le bouc envoyé ». L’expression semble être apparue dans la langue française vers la fin du XVIIe siècle. Elle figure dans le dictionnaire de Furetière (1690).
L’expression bouc émissaire a été employée par Georges Clemenceau au sujet de l’affaire Dreyfus : « Tel est le rôle historique de l’affaire Dreyfus. Sur ce bouc émissaire du judaïsme, tous les crimes anciens se trouvent représentativement accumulés. » Par cette phrase, Clemenceau explique que Dreyfus est accusé des erreurs des autres et qu’il est puni pour tout le monde.
Le sens de l’expression s’est éloigné de son origine, puisqu’un bouc émissaire est aujourd’hui une personne qui est injustement désignée coupable de tous les problèmes, sur qui on fait peser les fautes de tout le monde, ou bien une personne qui est la cible des moqueries et de la violence d’un groupe.