Quelle est l’orthographe du mot piqûre ?
Ce mot a deux orthographes correctes, qui sont toutes les deux assez particulières : piqûre et piqure. La différence entre les deux se situe au niveau de l’accent circonflexe, présent dans l’une, absent dans l’autre. Voyons à quoi elles correspondent, avant de nous demander comment on en est arrivé là.
La graphie piqûre correspond aujourd’hui à l’orthographe traditionnelle du mot. Elle est en usage depuis le milieu du XVIIIe siècle et elle est largement la plus fréquente. Quant à piqure sans accent, c’est aussi une graphie ancienne mais toujours restée minoritaire. Elle a été appuyée par les rectifications de l’orthographe de 1990.
La particularité de ces graphies se situe au niveau de la syllabe qû ou qu. En effet dans cette syllabe, qui note la prononciation [ky], il y a un amalgame entre qu, qui note la consonne [k], et u, qui note la voyelle.
Ce qui est spécial avec l’orthographe du mot piqûre, c’est donc la syllabe du milieu, qu’on ne retrouve dans aucun autre mot. Ce nom est formé à partir du verbe piquer et du suffixe -ure. Habituellement, ce suffixe ne pose pas de problème, mais là, comment faire quand la base du verbe se termine par qu- ?
Au XVIIe siècle, on écrivait piqueure ou picqueure, où le suffixe était noté -eure. Il se prononçait comme aujourd’hui avec la voyelle « u », mais aussi avec un allongement de la voyelle. À la fin du siècle, de nombreux allongements de ce type ont commencé à être notés par l’accent circonflexe. On a donc proposé d’écrire piquûre, où l’accent circonflexe note la voyelle longue.
Cependant, la succession des deux u a été jugée redondante, peut-être inesthétique, ce qui a abouti à la forme piqûre. Par la suite, l’accent a été conservé malgré la disparition de l’allongement vocalique, peut-être pour marquer le caractère exceptionnel de la forme écrite de ce mot.
On ne peut pas changer l’histoire mais il aurait été judicieux d’écrire picure. Après tout, d’autres mots de la famille de piquer s’écrivent avec un c : pic (dont il dérive), picoter, picorer, etc.
Il y a deux possibilités pour écrire ce mot, ce qui réduit les risques de se tromper. On rencontre néanmoins des erreurs et en particulier picure (malgré sa logique – voir plus haut) et pîqure, où l’accent est mal placé.