Quelle est l’orthographe du mot réécriture ?
Combien y a-t-il de é dans ce mot ? Dit-on réécriture ou bien récriture ? Ces deux formes existent : ce sont deux variantes du même mot, qui a connu un changement de forme au cours de son histoire. Elles n’ont pas du tout la même fréquence : de nos jours l’orthographe réécriture est très largement majoritaire.
Quand ce mot est apparu en français au XVIIe siècle, il avait la forme récriture. Resté longtemps très rare, ce nom était formé à partir du verbe récrire, qui s’écrivait lui aussi avec un seul é.
Pendant plusieurs siècles, le verbe et le nom ont conservé cette forme. Seul des deux enregistré dans les dictionnaires, le verbe est toujours donné par ces ouvrages de référence sous la forme récrire, et ce jusqu’aux aux années 1960.
À partir de là, des dictionnaires commencent à mentionner la variante réécrire avec deux é – avec raison, puisque celle-ci a commencé à se diffuser dans les années 1940. Le nom féminin correspondant suit un chemin parallèle : la variante réécriture se répand à partir des années 1960.
Ce changement est porté par l’emploi du mot réécriture dans un contexte scolaire : les exercices de réécriture deviennent des passages obligés de l’enseignement du français. C’est donc sous cette forme avec deux é que le mot se diffuse subitement, au point de devenir plus fréquent que récriture vers 1970.
Et c’est toujours le cas aujourd’hui : les deux variantes coexistent, mais la forme réécriture est largement plus fréquente. Notons cependant que, dans les recherches en littérature, c’est plutôt la variante récriture, considérée comme classique, qui est privilégiée.
Pourquoi ce mot a-t-il changé ?
Réécriture n’est pas un cas isolé : d’autres mots formés avec le préfixe re- connaissent de la variation. Songeons par exemple à rouvrir et réouvrir, ravoir et réavoir, rassortir et réassortir.
Cela semble lié à une caractéristique du préfixe re-, qui peut prendre la forme ré- ou r- devant une voyelle. Son état instable favorise la variation, ce qui ouvre une fenêtre pour l’évolution des formes. L’engouement soudain pour les exercices de réécriture, qui a rendu le mot plus fréquent, semble avoir porté la variante avec ré-.