genre

Longtemps, l’orthographe du mot genre n’était pas un sujet. Stable pendant des siècles, la forme orthographique du mot n’a pas particulièrement attiré l’attention du public.

Tout a changé avec la concordance de deux évènements : la diffusion d’un nouvel emploi oral pour le mot genre, et la généralisation des écrits sur écran, notamment via les réseaux sociaux.

L’emploi récent du mot genre, c’est celui qui en fait une particule servant à apporter un commentaire dédaigneux sur le reste du message : genre tu fais le mannequin. Dans cet emploi, il est synonyme de style, de crari. On le retrouve aussi dans l’expression faire genre, qui décolle depuis les années 1990.

L’utilisation effrénée de ce mot a conduit à un changement de prononciation. Dans son nouvel emploi, genre est de moins en moins prononcé [ʒɑ̃ʁ], et de plus en plus [ʒɔʁ] (« jor »), avec une dénasalisation et un changement de timbre de la voyelle.

On observe en quelque sorte une nouvelle branche qui pousse sur l’arbre du mot genre : d’abord un nouvel emploi, un nouveau sens, puis une nouvelle prononciation, et donc… une nouvelle orthographe, voire deux. Tout le nécessaire pour fabriquer un nouveau mot.

Les nouvelles graphies en question, ce sont jore et jort. Attestées depuis le début des années 2010 sur les réseaux sociaux, ces formes sont souvent employées au second degré, avec une intention plaisante. Quand ce n’est pas le cas, elles s’attirent parfois les moqueries, à la manière de l’emblématique sa va.