Comment écrire le mot grand-mère au pluriel ?
Au pluriel, ce mot s’écrit-il des grands-mères ou des grand-mères ? Autrement dit, met-on un s ou non à la fin de grand ? Eh bien, les deux orthographes existent et sont valables. Voyons à quoi elles correspondent.
Déjà, pourquoi ne dit-on pas grande-mère ?
En ancien français, l’adjectif grand était épicène : il gardait la même forme au masculin et au féminin (comme c’est le cas aujourd’hui des adjectifs disponible, aimable…). Donc grand était la forme pour les deux genres.
Le féminin grande s’est généralisé au XVIe siècle, par analogie avec la plupart des adjectifs. Cependant, le e de féminin n’a pas été ajouté dans les noms composés qui existaient déjà, comme grand-route, grand-voile, grand-place ou grand-mère.
L’ancienne orthographe grand’mère
Cela a conduit, au XVIIe siècle, à la généralisation de l’orthographe grand’mère avec une apostrophe. En fait, avec cette apostrophe, on a voulu noter la disparition du e de grande. Or, comme on vient de le voir, le mot n’a jamais eu la forme grande-mère, et l’apostrophe n’était donc pas justifiée.
Et donc, pourquoi y a-t-il deux pluriels ?
La présence de l’apostrophe dans la graphie grand’mère, et donc la croyance que la fin de grand était coupée, ont eu pour conséquence qu’on n’a pas mis de s de pluriel à grand : des grand’mères. Cependant, l’orthographe du mot a été régularisée au XXe siècle, lorsque s’est répandue la forme grand-mère avec un trait d’union. Cette graphie est devenue la plus fréquente dans les années 1950, et c’est la seule valable aujourd’hui.
Mais depuis lors, les deux pluriels se font concurrence : des grand-mères, qui porte une réminiscence de l’ancienne orthographe, et des grands-mères. Depuis le milieu des années 1990, l’écart se creuse en faveur du pluriel des grands-mères, devenu le plus courant. Cela s’explique notamment par le fait qu’il est d’usage, pour les noms composés formés d’un adjectif et d’un nom, de leur mettre deux marques de pluriel.