Comment prononce-t-on j’ai ?
Comment prononcer le verbe avoir conjugué au présent, à la première personne du singulier : avec le son [ɛ] (è ouvert) ou avec le son [e] (é fermé) ? Réponse : les deux sont possibles !
Rarement une question aussi basique, et qui concerne l’un des mots les plus fréquents de la langue française, l’un des premiers qu’on apprend quand on vient d’une autre langue, n’aura reçu autant de réponses contradictoires… Car les sources se contredisent. Certains ouvrages de phonétique et certains dictionnaires affirment qu’on prononce [ʒɛ] (« jè »), et d’autres qu’on dit [ʒe] (« jé »). Et d’autres enfin, comme nous ici, décrivent une certaine variation dans les usages, plutôt que de trancher.
Pas de frontière entre [ʒɛ] et [ʒe]
Ça va être un peu technique, mais tant pis : entre les voyelles [ɛ] et [e], il y a un continuum, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de limite claire et nette. Eh bien la voyelle de j’ai s’articule sur ce continuum. On peut prononcer l’une ou l’autre de ces deux voyelles, ou, plus souvent, entre les deux.
Les prononciations [ʒɛ] et [ʒe] peuvent dans certains cas se rattacher à des zones géographiques, ou à des critères sociaux. À Paris, la prononciation soutenue est plutôt [ʒɛ]. À Grenoble, la prononciation standard est plutôt [ʒe].
Dans d’autres cas, c’est la tournure de la phrase, ou le contexte d’emploi de ai, qui détermine sa prononciation, ne serait-ce qu’en partie. Par exemple, dans ai-je (bien que cette tournure soit rare à l’oral), on prononce [ɛ], du fait de la structure de la syllabe.
La graphie ai dans la conjugaison
Dans d’autres terminaisons, comme -ai au futur, -ais à l’imparfait et au conditionnel présent, etc., on retrouve les lettres ai. Ici, la norme est de prononcer [e] au futur comme dans je ferai, et [ɛ] partout ailleurs, comme dans j’avais. Mais là encore, on observe une certaine variation dans les usages, qui est d’ailleurs l’une des responsables de la confusion courante entre le futur et le conditionnel, conjugués avec je (je pourrai vs je pourrais).