Quelle est l’origine du mot alcool ?
La plupart des mots de la langue française sont issus du latin, et parmi les autres, beaucoup viennent du grec, en particulier les mots savants. Mais le mot alcool, comme plusieurs autres mots français, vient de l’arabe.
En effet, le mot alcool se rattache au mot arabe ’ǎl-kŭḥl, qui signifie « la poudre d’antimoine ». Mais comment est-on passé de la poudre d’antimoine au liquide fermenté qui provoque un état d’ébriété ?
Le premier sens du mot alcool
Commençons par définir le mot antimoine : il désigne un élément chimique qu’on utilisait notamment en alchimie et dans la préparation de médicaments. La langue arabe utilisait le mot kuḥl pour désigner la poudre d’antimoine. Le latin moderne (celui utilisé notamment par les chimistes au XVIe siècle) a donc emprunté ce mot à l’arabe, avec son déterminant, al. Cela a donné le mot alcohol, qui est ensuite passé dans la langue française.
Assez vite, le mot prend un sens un peu plus large : il ne désigne plus seulement la poudre d’antimoine, mais plus généralement n’importe quelle poudre fine utilisée en pharmacie. L’un des procédés employés pour réduire les corps à l’état de poudre était la sublimation.
De la poudre à la liqueur
La sublimation était également utilisée pour purger le vin : on obtenait alors ce qui s’appelait esprit-de-vin et qu’on appelle aujourd’hui éthanol ou alcool éthylique. Le mot alcohol a servi à désigner cette substance dès la fin du XVIe siècle. Ce sens devient plus courant que le premier, si bien que deux siècles plus tard, le sens de « poudre » n’est plus utilisé. Mais le mot alcohol (qui s’écrivait aussi alkool à cette époque) reste rare.
C’est à partir du XIXe siècle qu’on se met à écrire alcool avec un c et que son sens se généralise à toutes les boissons alcoolisées. C’est aussi l’époque où se forment plusieurs dérivés et expressions à partir de ce mot : alcool à brûler, alcool de bois, alcoolisé, alcoolique, etc. Tandis qu’en chimie organique, le mot alcool désigne un type de composé organique (comme le méthanol, le glycol, le butanol, etc.), dans le langage courant, il ne désigne que l’un d’eux : l’éthanol.