ressentir

Le verbe ressentir date du XII^e siècle en français. Il a été formé à partir du verbe sentir, à l’aide du préfixe re-. Ce verbe s’est longtemps écrit resentir avec un seul s, jusqu’au XVI^e siècle environ, avant que sa graphie ne se fixe sur ressentir.

Le deuxième s a été ajouté pour éviter une mauvaise lecture avec le son [z]. D’autres verbes ont été concernés par le même phénomène, parmi lesquels ressortir, ressembler, resserrer, ressaisir. Malgré cette graphie avec -ess-, tous se prononcent avec [ʁə] à l’initiale.

Le verbe ressentir a construit son sémantisme en parallèle de celui de sentir. Sentir, c’est principalement percevoir par les sens. Ressentir, c’est percevoir également, mais à travers des sensations plus variées, des émotions, des sentiments.

Avec une dimension assez négative, ce verbe s’est appliqué à des sensations physiologiques (ressentir la faim, ressentir la soif), à des douleurs (ressentir le manque, ressentir de la peine, ressentir du remords).

Il s’est appliqué plus tard à une plus large palette de sentiments, y compris à des élans positifs : ressentir de l’admiration, ressentir de l’amour.

De nos jours, mais cet emploi semble relativement récent par rapport aux autres, on reprend aussi le verbe ressentir au sujet de certains sens. Ressentir un goût désagréable, ressentir un frisson, c’est les éprouver à l’aide du sens du goût, du toucher.