Que veut dire le mot akha ?
Le mot akha appartient au langage des dealeurs. Dans les points de vente de drogue, akha est le cri poussé par un guetteur pour avertir les vendeurs et les clients que la police arrive ou qu’une personne suspecte est présente. Au cri akha, les vendeurs disparaissent en cachant la drogue et l’argent.
Le guetteur, qu’on appelle aussi le chouf, est aux avant-postes, à un endroit d’où il peut observer les allées et venues et d’où on l’entend crier s’il donne l’alerte. Il peut être assis sur une chaise ou bien quadriller la zone à pied ou en deux-roues.
Le mot akha est emprunté à l’arabe mais contrairement à une idée répandue, il ne signifie pas « attention ». En arabe, ce mot correspond à l’une des formes du mot khou, « frère » (sa forme d’accusatif, c’est-à-dire de complément d’objet direct). Il est donc apparenté à d’autres emprunts du français à l’arabe, comme akhi, khey, khoya.
En arabe dialectal algérien, le mot akha fonctionne comme interjection, exclamation, pour exprimer divers sentiments et notamment la plainte. Cet emploi est illustré par l’écrivain Azouz Begag. Dans Béni ou le paradis privé (1989), un personnage se lamente d’avoir perdu son porte-monnaie en s’écriant « akha ! akha ! akha ! bismillah ! bismillah ! » Dans Zenzela (1997), un enfant est retrouvé mort ; un personnage s’écrie alors « akha ! akha ! ils ont tué Nabil ! ils ont tué Nabil ! ils l’ont pris ! »
En changeant de contexte d’emploi, le mot akha a conservé son statut d’exclamation mais son rôle a été totalement réinterprété (en cri d’alerte, chez les trafiquants). Ce mot a ensuite été popularisé dans les années 2010, dans des chansons de rap, notamment chez Jul (« akha y a les képis », « y a des akha ça s’agite ») et Booba (« akha y a la BAC »).
Comment se prononce le mot akha ?
Ce mot est une transcription d’un mot arabe en alphabet latin, où le kh note un son absent de la langue française, le son [x]. Ce son est proche de la jota espagnole, qu’on entend par exemple dans le prénom Juan. La consonne la plus ressemblante en français est le r, si bien que la prononciation [aʁa] se répand aussi en français.
Et cette prononciation un peu francisée s’accompagne d’une adaptation orthographique du mot, qui se trouve noté avec la lettre r. C’est la raison pour laquelle la graphie arah, et dans une moindre mesure arrah et ara, circule en français.