Quelle est l’origine du mot travail ?
Parler de l’étymologie du mot travail est un passage obligé de tous les dictionnaires qui parlent de l’histoire des mots, alors… allons-y !
Le nom travail vient du verbe travailler. C’est donc d’abord à ce verbe que nous allons nous intéresser.
Le verbe travailler provient du latin vulgaire tripaliare, signifiant « torturer », lui-même dérivé du nom tripalium, qui désigne un instrument de torture à trois pals. Dans les mots travail et travailler, il y a donc originellement les notions de torture, de souffrance, de douleur.
Ces notions sont toujours très présentes dans certains sens de ces mots. En effet, travailler peut avoir les sens de « supporter un poids, supporter une charge, éventuellement en se déformant » (une poutre qui travaille), de « soumettre à une souffrance morale » (la mort de son frère le travaille), de « faire subir une série d’opérations pour obtenir un résultat » (travailler une pâte feuilletée), etc.
Quant au mot travail, il peut avoir les sens de « ensemble des mécanismes qui se produisent chez une femme lors de l’accouchement, et qui impliquent de grandes souffrances », de « peine infligée à une personne condamnée » (autrefois travaux forcés, aujourd’hui travaux d’intérêt général), etc. On parle aussi de travail du deuil.
Et d’autres sens ont disparu. En revanche, dans les emplois modernes les plus fréquents de travail et de travailler, l’idée de souffrance est secondaire et a plutôt laissé la place à celle de labeur. Certes, travailler peut être laborieux, mais produire un travail rapporte une valeur d’échange à celui qui le produit. Et ce n’est pas nécessairement une souffrance.
On l’aura compris, en presque 1 000 ans d’évolution en français, ces mots très courants se sont chargés de sémantisme et ont énormément changé. À tel point qu’il y a un grand écart entre le sens originel et le sens actuel, bien que l’un apporte un éclairage insoupçonné sur l’autre !