Quelle est l’étymologie du mot fée ?
Le mot fée a une histoire intéressante car son origine remonte au verbe latin fari qui signifie « dire ». Mais comment est-on passé du verbe dire à l’être merveilleux doté de pouvoirs extraordinaires ?
Le mot fatum, initialement participe passé du verbe fari, est devenu un nom à part entière dont le premier sens était « prédiction ». De ce sens en est dérivé un autre, celui de « destin, fatalité », et de ce deuxième sens en est dérivé un troisième, celui de « destinée » (à comprendre comme « temps de vie imparti à quelqu’un avant sa mort »).
Dans la mythologie romaine, ce temps de vie était symbolisé par un fil qui était filé, dévidé puis tranché par une Parque, l’une des trois déesses de la Destinée, ayant l’apparence d’une vieille femme. Le mot latin pour désigner chacune des Parques était fata, qui correspond à la forme féminine du mot fatum.
Le mot fée n’est autre que l’évolution en français du latin fata. En effet, dans un premier temps, ce mot ne désignait pas toujours un être bienveillant ; à l’image des Parques, les fées étaient d’abord des êtres féminins qui, grâce à leurs pouvoirs surnaturels, pouvaient influer sur la vie humaine de façon positive comme négative.
Quels sont les mots de la même famille que fée ?
Pour commencer, les mots féerie et féerique sont dérivés du mot fée et appartiennent donc à sa famille.
Ensuite, les mots régionaux fadet (qui désigne un lutin) et fadette (qui désigne une petite fée) sont les diminutifs du nom fade, forme francisée de fada, mot provençal signifiant « fée ». Le nom farfadet, qui désigne également un lutin, est un dérivé de fadet.
C’est également du mot provençal fada que vient le verbe fader. Ce verbe avait anciennement le sens « recevoir le don des fées », puis il a été utilisé en argot pour dire « recevoir sa part du butin ». De là, se fader signifiait « se servir largement, se partager », mais son emploi ironique a amené un changement de sens, si bien qu’aujourd’hui se fader quelque chose est à comprendre dans le sens « subir une corvée ».
Pour remonter encore plus loin : la famille de fatum
Si on revient au latin fatum, on voit se dessiner une autre branche de cette famille de mots. On peut commencer par le mot littéraire fatum lui-même, qui s’utilise en français comme synonyme savant de destin.
On y trouve d’autre part fatal, qui vient du latin fatalis (« du destin » et par extension « mortel, funeste »), ainsi que ses dérivés : fatalité, fatalement, fatalisme, fataliste. On y trouve également fatidique et fatidiquement.
D’autres mots sont sur cette branche étymologique, même s’ils ont tellement évolué qu’aujourd’hui on ne lit plus le radical -fat- dedans. Mauvais vient du latin populaire malifatius composé avec les mots malum (« mauvais ») et fatum : il appartient donc bien à cette famille de mots. Son contraire, bonifatius, composé avec bonum et fatum, a donné le prénom Boniface.
Enfin, l’adjectif feu pour qualifier une personne décédée fait aussi partie de cette famille : il vient du latin oral fatutus, « qui a accompli son destin ».
Pour aller plus loin et explorer cette très grande famille de mots : arbre étymologique de la racine phaínein.