Quelle est l’origine du mot tana ?
Dans le vocabulaire des jeunes adultes et des adolescents, le mot tana désigne une jeune femme à qui on reproche son apparence trop voyante, son attitude, ses mœurs. Une tana, c’est une fille qu’on accuse un peu vite d’être de mauvaise vie. Mais d’où vient ce mot ?
Le mot tana se diffuse surtout depuis août-septembre 2024 mais il est plus ancien. S’il s’est subitement diffusé après une décennie d’existence, c’est parce que les chansons où on l’entend sont devenues tendance sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok.
Les chansons en question sont celles du rappeur Niska, en particulier le titre Ah bon ? Mais on trouve ce mot dans plusieurs chansons des années 2010, notamment chez des rappeurs de l’Essonne. C’est dans ce département, semble-t-il, que le mot a été forgé.
Et donc, d’où vient le mot tana ?
Les paroles de Niska nous mettent sur la piste de l’origine du mot : « je vais me tailler à Copacabana / Pour rejoindre les Ana Montana, ’tana, des ’tana, des ’tana / Je vais les fouetter sur les fessiers ». Tana est formé par aphérèse de Montana, c’est-à-dire en gardant la fin du mot.
Contrairement à ce que laissent entendre certaines transcriptions de ces paroles, le mot tana est sans rapport direct avec la série télé Hannah Montana et son héroïne interprétée par Miley Cyrus. Non, Ana Montana, c’est le pseudonyme d’une mannequin portugaise et cap-verdienne, de son vrai nom Analicia Chaves.
Cette jeune femme à l’apparence aguicheuse a connu son heure de gloire dans les années 2010. Elle est connue pour s’être affichée dans ses relations amoureuses de manière assez libre et voyante, en particulier auprès de footballeurs célèbres. Des médias ont évoqué à son sujet la pratique de l’escorting et l’appartenance à des réseaux de prostitution.
Le mot tana s’approche donc de salope, de pute. Mais ce mot a la détente facile, il est vite dégainé contre une jeune femme, pour le premier motif venu.
En réaction, sur les réseaux sociaux, des femmes se le sont réapproprié. Elles ont imaginé un lieu fictif, baptisé Tanaland, réservé aux femmes qui prennent soin de leur apparence mais ne veulent pas entendre les commentaires masculins.