détritus

Le mot détritus possède deux prononciations, selon qu’on prononce ou non le s final : [detʁitys] (« dé-tri-tuss ») ou [detʁity] (« dé-tri-tu »). Mais ces deux prononciations n’ont pas le même statut. En fait, détritus a connu un changement de prononciation au cours du XX^e siècle, et il est presque abouti.

Quand ce mot est apparu en français à la fin du XVIII^e siècle, son unique prononciation était [detʁitys], en prononçant le s final. Ce mot a été emprunté au latin, où detritus est le participe passé d’un verbe qui signifie « user par frottement ». Passé en français, il a été francisé à l’écrit par l’ajout d’un accent aigu sur le e.

La prononciation avec le son [s] est longtemps restée seule au monde. C’est à partir du début du XX^e siècle qu’on commence à avoir des relevés sur la seconde prononciation, [detʁity]. Comme elle est nouvelle et qu’elle s’éloigne du mot latin d’origine, elle est rejetée, décrite comme moins bonne.

Pourtant, prononcer ce mot sans [s] répond à une forme de logique. Dans le nom détritus, souvent employé au pluriel, le s final a été réinterprété comme une marque de pluriel. Peut-être par analogie avec des mots comme refus, abus, obus, la prononciation [detʁity] s’est lentement diffusée…

… au point de devenir largement majoritaire au début du XXI^e siècle ! Mais le changement de prononciation n’est pas totalement abouti, il demeure une minorité de locuteurs qui déclarent prononcer [ys] à la fin de ce mot. La question est : pour combien de temps ?

On peut faire le lien avec le mot rébus, qui traverse actuellement un changement similaire. En revanche, pour autobus, campus, cursus, bonus, terminus, prospectus, pas d’évolution à l’horizon !