Quelle est la forme du mot auteur au féminin ?
Comment féminiser le mot auteur ? Met-on un e à la fin, ou bien utilise-t-on la finale -trice ? Ou encore, peut-être que ce mot reste le même au féminin ? Voilà une question qui porte sur un changement linguistique en cours, et dont la réponse comporte son lot de variations.
Aujourd’hui, toutes ces possibilités existent et sont attestées. On rencontre aussi bien une auteure, une autrice, une auteur que un auteur pour désigner une femme. Et ce, quel que soit le sens du mot : personne qui a écrit quelque chose, personne qui est à l’origine quelque chose, etc. Voici à quoi correspondent ces variantes.
Les formes auteure et autrice sont les deux façons les plus perceptibles de féminiser le nom auteur. Le féminin auteure (qui se prononcer exactement comme auteur, sans insister sur le e final) a été le premier à se diffuser au début des années 1980, surtout au Québec, sous l’impulsion de recommandations officielles québécoises. En fréquence, cette forme de féminin a largement dominé autrice pendant trente ans.
En effet, de 1980 à 2010 environ, le féminin autrice était souvent considéré comme incorrect. Par exemple, le guide de féminisation français intitulé Femme, j’écris ton nom (1999) indique : « Pour les termes auteur, docteur, les formes morphologiquement régulières et attestées en -trice (autrice, doctrice) ne sont plus acceptées aujourd’hui. On conservera la forme identique au masculin, avec le choix d’ajouter ou non un -e à la finale, comme pour assesseur, censeur, etc. : une auteur(e). »
Mais cette opinion change durant les années 2010, où un parallèle est souvent fait entre acteur/actrice et auteur/autrice, entre autres arguments. Attesté depuis longtemps (y compris dans des dictionnaires anciens), régulier sur le plan de la formation du féminin, le féminin autrice se répand de plus en plus et est de moins en moins rejeté et critiqué. En 2020, il est toujours un peu moins fréquent que auteure, mais la tendance est visiblement en train de s’inverser (sauf au Québec !).
Signe des temps : en mai 2020,
la rédaction du journal Le Monde annonce
qu’elle utilisera désormais le féminin autrice.
Comme on l’a vu, une auteur était l’une des formes de féminin recommandées par le guide français de féminisation en 1999. Ce féminin est relativement peu employé de nos jours.
Quant à un auteur au masculin pour désigner une femme, c’est la forme que choisissent les personnes qui refusent de féminiser ce mot, comme d’autres mots d’ailleurs : directeur, ministre, chef, etc.
La question de la féminisation du mot auteur déborde du champ linguistique pour devenir idéologique. Elle est un sujet de débat récurrent. Le choix de l’une ou l’autre forme peut véhiculer un point de vue, une revendication au sujet de la place de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Par exemple, préférer autrice à auteure peut être le signe qu’on cherche à rendre visible le féminin, en dotant le mot d’une forme de féminin qui s’entende à l’oral, et qui ne soit pas perceptible uniquement à l’écrit. C’est d’ailleurs cette idée qui redonne de la vigueur à la forme autrice depuis les années 2010.
À l’inverse, désigner une femme par le nom masculin un auteur, en faisant tous les accords au masculin, peut être le signe qu’on refuse que la langue puisse refléter la place des femmes dans la société.
Y a-t-il d’autres façons de féminiser auteur ?
Oui, d’autres féminins ont circulé, comme auteuse, auteuresse, autoresse, authoresse. Mais ils sont très rares et pourraient disparaître, au profit de auteure et autrice.