dengue

La dengue est une maladie des régions tropicales, causée par un virus transmis par piqûre de moustique. Elle se caractérise par de fortes fièvres. Cette pathologie est souvent bénigne mais elle peut entraîner la mort dans ses formes les plus graves.

Mais revenons-en à la question qui nous intéresse. Elle porte sur le en : est-ce qu’on le prononce [ɛ̃] ou bien [ɑ̃] ? Autre façon de l’écrire : « in » ou « an » ? En effet la notation avec en est ambiguë puisqu’elle peut correspondre à ces deux prononciations.

Aujourd’hui, la seule prononciation admise pour le mot dengue est [dɛ̃g], avec le son « in ». Vous avez remarqué ? J’ai dit « aujourd’hui ». Eh oui, ce mot a connu un changement de prononciation au cours de son existence, changement assez récent d’ailleurs.

Le mot dengue est apparu en français au milieu du XIX^e siècle. À ce moment-là, toutes les sources sont unanimes : il s’est prononcé [dɑ̃g], avec la voyelle « an ». Les dictionnaires français donnent cette prononciation jusqu’au milieu du XX^e siècle environ.

Ensuite, il y a une phase de variation où les deux prononciations sont en concurrence, pendant quelques décennies. À l’issue de quoi, dans les années 1970, la prononciation [dɛ̃g] s’impose. L’existence d’une ancienne prononciation est complètement oubliée pour ce mot, si bien qu’on considère aujourd’hui que la forme [dɑ̃g] est une erreur.

On parlait d’ambiguïté sur la voyelle notée par en. Bien qu’il s’agisse le plus souvent de « an », il y a en effet un groupe de mots dans lesquels elle note « in », surtout en fin de mot. Exemples : bien, rien, citoyen, il vient, chien, combien, moyen, ancien, examen.

D’ailleurs il existe d’autres mots, eux aussi empruntés à des langues étrangères, pour lesquels on rencontre la même hésitation que pour dengue : emmental, référendum, consensus, magenta, stentor.

Le français a emprunté le mot dengue tel quel, sous sa forme écrite, à l’anglo-américain, qui le tient lui-même du swahili. Dans cette langue, dinga signifie « symptôme semblable à une crampe ».